Le 14 juillet 2025 – À 92 ans, et après 43 années passées à la tête de l’État, Paul Biya a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle du 12 octobre prochain. Une déclaration qui, sans véritable surprise, a ravivé les débats sur sa capacité à gouverner un pays jeune, confronté à de multiples défis sociaux, économiques et sécuritaires.




Une candidature sans alternative au sein du RDPCLe président sortant, Paul Biya, a été investi une nouvelle fois par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), son parti, dans un contexte où aucune autre figure de premier plan ne semble pouvoir émerger. Selon Aristide Mono, politologue et directeur de la Société camerounaise d’intelligence et de recherches, « le RDPC n’avait pas d’autre choix que de reconduire le président Biya. Cela traduit une absence criante de leadership de relève au sein du parti. »Cette absence de renouvellement nourrit un climat politique de stagnation. Pour de nombreux observateurs, la candidature de Paul Biya ne traduit pas tant une volonté personnelle que le besoin du système en place de se maintenir en conservant une figure centrale. »Une présidence par procuration »Alors que l’âge avancé du président suscite des inquiétudes, Aristide Mono parle même d’un « état de présidence par procuration » : « Le président ne dirige plus réellement. Ce sont des cercles fermés autour de lui qui gèrent le pays, pendant que le chef de l’État reste en retrait, quasi-invisible sur les grandes décisions nationales. »L’état de santé du président, rarement évoqué officiellement, fait l’objet de nombreuses spéculations. Ses apparitions publiques sont de plus en plus rares, et ses longs séjours à l’étranger – notamment en Suisse – alimentent le sentiment d’un pouvoir distant, déconnecté des réalités du peuple.Un fossé générationnel inquiétantLe contraste est frappant entre un président nonagénaire et une population où plus de 60 % des citoyens ont moins de 30 ans. Ce décalage générationnel nourrit le scepticisme, voire le rejet d’une partie de la jeunesse, en quête de renouveau politique et d’un leadership plus en phase avec les enjeux actuels.Vers une présidentielle sans surprise ?Pour nombre de Camerounais, l’issue du scrutin d’octobre semble déjà écrite. L’opposition, morcelée et souvent muselée, peine à constituer une véritable alternative. Et si Paul Biya venait à remporter un huitième mandat, il prolongerait son règne jusqu’à près de 100 ans, un fait inédit sur le continent africain.—Conclusion :La candidature de Paul Biya en 2025 n’est pas simplement un fait politique : elle interroge sur la nature même du pouvoir au Cameroun, sur sa transmission, son renouvellement, et sur la place du peuple dans une démocratie en apparence verrouillée. Plus que jamais, la société civile et la jeunesse camerounaise sont appelées à se questionner : quel avenir souhaitent-elles pour leur pays ?